Présente au Musée d’Art Moderne, à Paris jusqu’en janvier 2021 à travers l’exposition « Passé Présent », Sarah Moon se distingue par ses œuvres hors du temps. Composant ses photos comme des tableaux, elle caractérise son œuvre par l’impossibilité de les placer de manière précise dans le temps. Voici Sarah Moon dans une biographie qui retrace son parcours et présente son style artistique.
Sarah Moon biographie : le parcours exceptionnel d’une photographe autodidacte
De son vrai nom Marielle Sarah Warin, Sarah Moon est née en novembre 1941. Sa famille, juive, est contrainte de fuir l’occupation en France pour l’Angleterre. Sarah Moon commence sa carrière artistique en tant que mannequin de 1960 à 1966. Elle porte alors le pseudonyme de Marielle Hadengue.
Sarah Moon exprime plus amplement son art à travers la photographie qu’elle apprend en autodidacte. Elle publie ses premiers travaux de photographie en 1967, dans l’Express, mais elle se consacre vraiment à la photo à partir de 1970. Elle travaille rapidement avec des marques reconnues. Ses premières campagnes d’envergure, notamment celle de la marque Cacharel, imposent son style au niveau international.
La mode devient le domaine de prédilection de Sarah Moon en tant que photographe. Riche de son expérience de mannequin, elle voit et exprime la femme sous un angle jusqu’ici inconnu. Ses photos de mode expriment une complicité qui les différencie incontestablement du travail des hommes photographes. Sarah Moon fait en effet ressortir les regards et les attitudes d’une manière subtile, très particulière. En tout cas, elle a travaillé avec les plus grandes enseignes de mode, notamment l’incontournable Vogue et des maisons de haute couture comme Chanel et Dior.
Malgré son succès et toutes les collaborations avec les plus grandes maisons de la mode, Sarah Moon décide par la suite de diriger ses projets photos vers une ligne encore plus introspective, plus personnelle. Alors que ses projets mode la retenaient essentiellement dans les studios et sur des mises en scène spécifiques pour ce domaine, son métier prend une tournure artistique plus large et plus ouverte quand tout Paris devient son nouveau lieu de travail.
Sarah Moon photographe : ses inspirations, son style, sa signature
Sarah Moon, en tant que photographe, s’épanouit à Paris. Son attachement à la ville explique ce choix, mais elle avoue que c’est également par commodité. Et contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre, Paris n’est pas omniprésent sur ses photos. Certes, c’est le cadre, mais on ne le reconnaît pas forcément.
Sarah Moon est un disciple de Guy Bourdin dont l’œuvre représente selon elle l’excellence. Ce grand photographe de mode et de publicité a en effet été la source d’inspiration première qui a fait diriger Sarah Moon vers la photographie de mode. Ensuite, le cinéma des années 1930 a également été une source majeure d’inspiration que l’on reconnaît aisément dans les travaux de l’artiste en dehors de ses projets mode. On décèle par exemple une empreinte du cinéma expressionniste Allemand à travers certaines de ces œuvres. Et bien souvent, elle rappelle les origines du médium à travers des empreintes certaines du modernisme artistique. Dans cette optique, on peut citer Eugène Durieu et Eugène Delacroix qui sont parmi ces plus grandes sources d’inspiration.
Concernant les thèmes qui reviennent régulièrement dans ses œuvres, on retrouve la solitude, la mort, l’enfance, le souvenir, mais également la féminité. Les photos quant à elles, sont centrées sur les animaux, les enfants et les fêtes foraines. Elle photographie également beaucoup de sites industriels délabrés et de paysages traversés par des routes.
Analyse des œuvres de Sarah Moon, photographe
L’œuvre de Sarah Moon représente très rarement la réalité et se caractérise en de nombreux points par une esthétique intime de la fiction. Se détachant clairement du concret et du tangible, son œuvre fait ressortir l’illusion et le rêve ou des concepts abstraits comme la séduction.
D’ailleurs, ses photos sont en général, mises en scène comme pour brouiller les pistes et attirer l’esprit vers l’irréel. Robert Delpire a précisé que l’œuvre de Sarah Moon « déréalise » le sujet. Et dans cette optique, en plus de la prise de vue à proprement parler, le processus de développement occupe une place centrale à travers des procédés techniques particuliers, notamment les dégradations que l’on retrouve sur la majeure partie de ses polaroids. Ces dégradations peuvent être interprétées de bien de façons :
- La décomposition
- L’arrivée inévitable de la destruction
- L’absence du temps présent
- Le manque
- La fragilité du souvenir
- Etc.
Oubliez vos conceptions temporelles avant de plonger dans l’ouvre de Sarah Moon, la photographe. Elle se libère des délimitations du temps, cet « élément » qui fuit, en croisant les époques à travers le choix de ses sujets. L’exposition « Passé Présent » représente d’ailleurs fidèlement ce concept propre à l’artiste.
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