Fan de photographie ? Ne manquez pas l’exposition Dorothea Lange à Paris. Le Jeu de Paume est le premier musée en 20 ans à présenter l’œuvre de cette grande figure de la photo documentaire. Vous découvrirez à travers cette exposition, ouverte jusqu’au 27 janvier, la portée politique de ses clichés et le regard profondément humain de la photographe.
La photographe de la Grande Dépression
Le jeu de Paume nous offre le plaisir de voir un ensemble d’œuvres d’une des photographes américaines les plus célèbres, notamment grâce à l’iconique portrait « Mère migrante » (1936). Cette photo, qui a fait le tour du monde, est très représentative du travail de l’Américaine. L’exposition de Dorothea Lange à Paris, s’attarde sur la dimension politique de son œuvre en se fixant sur trois périodes : la Grande Dépression, la Deuxième Guerre mondiale et l’après-guerre.
Après avoir fait des études de photographies, cette Américaine du New Jersey s’installe en Californie. Elle sera engagée par un studio photographique où elle tirera le portrait de nombreuses célébrités de l’époque. C’est après sa rencontre avec Paul Taylor, un économiste convaincu de l’importance de l’image photographique, que Dorothea Lange entame sa trajectoire comme photographe documentaire.
Entre les années 1930 et 1940, Dorothea Lange et Paul Taylor travaillent pour le gouvernement fédéral américain et la FSA (Farm Security Administration), un organisme créé par le ministère de l’Agriculture pour aider les fermiers touchés par la Grande Dépression, la sécheresse et les inondations. De 1935 à 1941, elle prendra des milliers de clichés, plus de 4 000, sur cette période qui fut profondément marquée par la pauvreté. L’exposition Dorothea Lange à Paris nous permet de revenir sur cette période. Basée à San Francisco, la photographe traversa plusieurs états pour prendre des photos non seulement des migrants, mais aussi de leurs maisons, de leurs déplacements à pieds, en caravane, ou encore des camps dans lesquels ils s’installèrent.
On peut retrouver plus d’un tiers de ces clichés en microfiches agrandies à l’exposition Dorothea Lange à Paris. Ils constituent un fonds d’archive exceptionnel sur les États-Unis post-krach boursier qui a façonné notre regard sur cette époque. John Steinbeck s’en est d’ailleurs inspirés pour écrire son chef d’œuvre Les Raisins de la Colère (1939). Le travail documentaire de Dorothea Lange est considéré comme un réel tournant dans le photojournalisme.
Dorothea Lange à Paris : une photographie humaniste avant tout
L’exposition Dorothea Lange à Paris s’attarde également sur son travail sur les camps de Japonais, créés aux États-Unis après le bombardement de Pearl Harbor (décembre 1941). Alors qu’elle répond à une commande de la Relocation Authority qui lui demande de photographier cette population, Dorothea Lange choisit de les suivre durant les différentes étapes d’internement, de leur délogement à leur enfermement. Elle posa un regard beaucoup plus humain sur ces personnes à travers ses photos, et donna un éclairage inédit sur cette étape de l’histoire états-unienne.
Vivant à San Francisco, Dorothea fut très marquée et très touchée par la pauvreté générée par la rapide croissance de la population. Dans ces années-là, les chantiers navals californiens, les plus florissants du pays, attirèrent un énorme flux de population. À cette époque, elle prit de nombreuses photographies et portraits des ouvriers des chantiers, de leurs femmes ou encore de la population afro-américaine.
À travers tous les clichés regroupés dans l’exposition Dorothea Lange à Paris, on ne ressent que rarement que les sujets étaient conscients de la présence de la photographe. L’artiste avait l’habitude de créer une relation avec les personnes photographiées. Le caractère poignant et parfois intime de ses photographies fait d’elle une des photographes les plus admirées du 20e siècle. Ces portraits d’hommes et de femmes sont révélateurs de sa profonde humanité.
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