Né au début du XXème siècle, le cubisme est un courant artistique qui a révolutionné l’histoire de l’art, notamment par l’abolition de la perspective. Il a été lancé par deux peintres, Pablo Picasso et Georges Braque. Retour sur l’histoire et les artistes qui ont fait ce mouvement pictural bref, mais dont l’impact a retenti tout le long du siècle sur l’art contemporain.
Les origines du mouvement : le pré-cubisme
On attribue à l’artiste impressionniste Paul Cézanne l’origine du cubisme, ou ce qu’on appelle le « pré-cubisme ». Ses recherches à la fin du 19ème siècle sur la perspective, l’utilisation d’un point de vu pluriel et la simplification de la représentation des formes naturelles par des sphères, des cônes ou des cylindres a inspiré les premiers artistes du courant artistique, fondé par Picasso et Georges Braque. Cézanne réalise 80 œuvres représentant la Montagne Sainte-Victoire, afin d’expérimenter le procédé de géométrisation des formes naturelles. L’autre influence majeure du cubisme est liée à la découverte de l’art africain et amérindien rapporté des colonies. Les formes simples, la puissance et le style de cet art, dit « primitif », a grandement intéressé les artistes de l’époque.
La première phase 1908 – 1912 : le cubisme analytique
Finalement, c’est la rencontre en 1907 de Braque et Picasso, deux artistes déjà réputés dans la sphère parisienne, qui scellera le commencement du cubisme. Georges Braque, issu du courant fauve, s’en était éloigné suite à sa découverte des œuvres de Cézanne lors d’une exposition posthume. L’année de leur rencontre, Picasso montre à son ami Braque sa toile « Les Demoiselles d’Avignon » (1907), considérée comme la première œuvre cubiste. Les deux peintres entrent alors dans une première phase appelée le cubisme analytique (1908-1912) où ils théorisent leurs recherches et expérimentent sur les formes du sujet, ses facettes et sa représentation en formes géométriques et fragmentées. Le nom du mouvement vient du critique Louis Voxel qui compare en 1908 les œuvres de Braque à un amoncellement de petits cubes. Dans les œuvres de cette période, la perspective disparaît complètement, les palettes sont ternes et monochromes, comme dans « Le joueur de guitare », Picasso,1910, « Ma Jolie », Picasso, 1911, ou encore « Le Livre », Juan Gris, 1911.
La deuxième phase 1912 – 1919 : le cubisme synthétique
De 1912 à 1919, se déroule la période du cubisme synthétique. Les deux peintres s’éloignent des techniques utilisées jusqu’ici, craignant que la déconstruction totale du sujet ne nuise à sa reconnaissance et finisse par mettre en péril la compréhension de l’œuvre. Le courant rentre alors dans une recherche philosophique de la place de l’objet dans l’œuvre avec l’insertion d’objets les uns dans les autres. Ils intègrent des éléments du réel pour rendre l’œuvre moins étrangère au spectateur, des collages et des lettres afin de créer un dialogue avec la personne visionnant le tableau, et générer un questionnement sur l’intention de l’artiste. « Nature morte à la chaise cannée » de Picasso, 1912, marque le début de la période synthétique. Parmi les œuvres les plus connues, on retrouve « Nature morte aux cartes à jouer », « Violon et Pipe » (Georges Braque, 1913), les œuvres de Juan Gris tel que « Le Lavabo » (1912), « Fantomas » (1915), « Le Petit Déjeuner » (1915), ou celle de Fernand Léger « Chevaux dans le cantonnement » (1905).
La troisième phase 1912 – 1920 : le cubisme orphique
La dernière phase est celle du cubisme orphique (1912 – 1920). Son nom a été inventé par l’écrivain Guillaume Apollinaire pour qualifier les œuvres de Robert Delauney. Il fait également référence à son poème « Orphée » de 1908. Les peintures de la femme de Delauney, Sonia Terk, et celles du peintre tchèque Frantisek Kupka ont également été étiquetées sous ce terme. Les orphistes se rapprochent du cubisme analytique en utilisant la forme et la couleur pour donner la signification de leurs œuvres. Ils s’éloignent de la figuration et s’avancent vers l’art abstrait. Le contenu est une construction complète de l’artiste et vise à donner une sensation au spectateur qui la visionne. « Les Fenêtres simultanées sur la ville », Robert Delauney, 1912, « Hommage à Blériot », Robert Delauney, 1914, ou « L’acier Boit », Fratisek Kupka, 1927 font partie des œuvres majeures qui constituent l’orphisme.
L’influence du mouvement cubiste sur l’art contemporain
Le cubisme fut une révolution picturale qui influencera l’Europe entière et le monde de l’art durant des décennies. Les innovations de Braque et de Picasso eurent des répercussions sur différents courants du XXème siècle. Leur héritage transparaît dans le ready-made de Marcel Duchamp, l’art abstrait, le constructivisme russe, le suprématisme de Kasimir Malevitch, et, bien sûr, dans le futurisme, qui se positionna en concurrence directe avec les cubistes.
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