Pour la première fois en France, la Maison européenne de la Photographie à Paris, consacre jusqu’au 26 mai, une exposition photo sur l’artiste controversé et décédé Ren Hang. 150 photographies y sont exposées. L’artiste était considéré dans le monde comme l’un des photographes les plus influents de sa génération. Son parcours était cependant semé d’embûches…
Ren Hang un artiste atypique
Ren Hang a révolutionné la photographie de nu en traitant les corps féminin et masculin sur un pied d’égalité, avec nonchalance, poésie et humour. Il a emmêlé des corps pour créer des photographies fascinantes et émouvantes. À travers son art, il a réfléchi sur la nudité, l’érotisme, la beauté et plus largement sur la vie. Ses photographies reflétaient son âme tourmentée : il affirmait qu’il était devenu photographe parce que « ça remplit le vide de mon cœur ».
En effet, Ren Hang était un artiste mélancolique. Il a tenu notamment un journal sur ce qu’il a appelé sa « dépression légère ». Ren Hang a très longtemps fait face à une anxiété invalidante et a surmonté son malaise en le traduisant par les mots et les expositions photo. Au travers de déclarations lyriques, souvent à la fois tristes et troublantes, il avoua à ses lecteurs : « Je me réveille tous les matins en me demandant pourquoi je suis toujours en vie. » Des poèmes bruts et des notes personnelles concernant sa dépression ont rempli toute une section de son site Web.
En plus d’un lyrique, c’est un photographe hors pair
La particularité de Ren Hang et l’une des raisons pour lesquelles la Maison européenne de la Photographie a décidé de rendre hommage à Ren Hang à Paris, c’est qu’il était sans aucun doute l’un des photographes les plus influents de son époque. Son travail, aussi intense que bref, célébrait la sensualité et la beauté nue de la vie avec mélancolie. S’il est décédé avant même de célébrer son 30e anniversaire, ses expositions photo et son art perdure encore.
Il faut ainsi savoir que Ren Hang a toujours utilisé le même appareil photo pour ses photographies Il n’avait qu’un simple appareil photo analogique Minolta, facile à utiliser et à transporter. Il affirmait vouloir prendre des photos librement, en une seule pression sur un bouton. Cette spontanéité l’a aidé à créer des images belles et représentatives, sans assistants ni éclairage artificiel. Ses photographies sont donc clairement des tranches de vie capturées dans l’instant.
Rien ne prédestinait d’ailleurs l’artiste à devenir un célèbre photographe. En effet, Ren Hang a étudié plus jeune, le marketing. Il trouvait cependant ses études ennuyeuses et a commencé très vite, à photographier ses amis et ses dortoirs comme un nouveau passe-temps. Il essaierait d’organiser des séances photo où il ferait poser ses modèles amateurs le plus naturellement possible.
Ses modèles étaient au départ ses amis, mais plus tard, il s’est également mis à photographier les visiteurs de son site Web
Ren Hang a notamment déclaré qu’il avait besoin d’un respect mutuel et d’un rapport de confiance pour réaliser ses prises de vue de la manière la plus naturelle possible. L’artiste faisait donc connaissance avec ses poseurs avant ses photos. Il était vital pour lui de travailler dans une atmosphère de confiance mutuelle. Il en a été de même pour les personnes qui postuleront au modèle via son site Web. Il était essentiel pour lui de leur parler avant le tournage. Il voulait s’assurer de bien s’entendre avec la personne photographiée. Si ce n’était pas le cas, il mettait un terme au tournage.
Sa mère a notamment été l’un de ses modèles photo.
Son travail fut très controversé en Chine, son pays natal
Ses photographies érotiques et humoristiques n’ont pas séduit le gouvernement chinois qui les a censurées à plusieurs reprises. Ren Hang s’est d’ailleurs fait arrêter plusieurs fois pour son travail. Ren Hang à Paris exposé à la Maison européenne de la Photographie, c’est également une façon de soutenir politiquement l’artiste et ses œuvres, face au gouvernement chinois. En effet, son travail était considéré comme dangereux pour l’idéologie communiste chinoise. Pourtant le photographe ne s’est jamais considéré en conflit avec le parti : « J’aime penser que ma pratique artistique va au-delà du domaine politique. »
La Chine exerçait encore sa politique de l’enfant unique il y a quelques années et mettait ainsi une forte pression sur des millions de personnes. Dans ce contexte, Ren Hang a choisi la sensibilité artistique plutôt que la méritocratie et l’excellence académique. Cette approche était déjà une révolution en soi.
Ainsi, le gouvernement chinois a censuré certaines de ses photographies en raison de leur nature pornographique. Les autorités ont même annulé une de ses expositions sous le motif de « suspicion de sexe ». Il lui était donc interdit d’exposer ses photographies en Chine. Ren Hang a réagi à ces pressions en maintenant son exposition, grâce à une ruse : afficher des cadres vides. Il a ensuite affirmé que « les idéologies politiques dans mes photographies n’ont rien à voir avec la Chine. Seule la politique chinoise veut se mêler de mon art. »
Un succès planétaire
Bien que Ren Hang ne soit pas du goût de la Chine, les pays étrangers ont ouvert leurs bras au jeune artiste et ses images explicites ont été acclamées dans le monde entier. Ren Hang a exposé à la FIAC en 2014, au musée de la mousse d’Amsterdam, ainsi qu’au musée de la photographie de Stockholm de 2016 à 2017. Il a également travaillé pour de nombreux magazines de mode et créé la couverture « Sexe » pour le magazine Inrock à l’été 2014.
Il a été comparé à Ai Weiwei et Ryan McGinley deux autres célèbres photographes très influents dans le monde.
Ainsi dès le 6 mars et jusqu’au 26 mai, les œuvres de Ren Hang sont à Paris grâce à La Maison européenne de la Photographie qui lui a consacré une exposition photo. C’est la première à Paris depuis sa disparition tragique. 
Laisser un commentaire